Soutenance de Mélanie Duclos

Le 3 décembre 2015 à  14h à  l’Université Paris Diderot – Paris 7, Mélanie Duclos a soutenu sa thèse de doctorat en anthropologie, intitulée : « Horizons d’égalité. Le combat des biffins parisiens ».

Lieu : Université Paris Diderot – Paris 7, bâtiment Olympe de Gouges (8 place Paul Ricoeur au bout de la rue Albert Einstein, Paris 13ème), salle 870.
Plan d’accès au bâtiment : https://www.urmis.fr/?Plan-d-acces-Urmis-Paris-Rive

Résumé : Dans divers quartiers populaires de la région parisienne, on trouve de ces marchés informels, dont les marchands, les biffins, vendent des objets usagés récupérés dans les poubelles. C’est l’un d’entre eux qui constitue le terrain de cette enquête, au nord de Paris, et dont certains des marchands, au début des années 2000, se sont mobilisés contre leur empêchement par les autorités et pour la légalisation de leur activité. Avec comme objet les résistances populaires, ce travail s’ouvre sur un étonnement : comment, vu leurs conditions d’extrême précarité, avaient-ils pu trouver les moyens de se mobiliser ? Mais, bientôt, la question se déplace. à€ leur contact et au contact d’autres des biffins du marché, je réalise la force, a priori insoupçonnée, qui les habite en réalité. Et la question devient : qu’est-ce qui était là , en eux, déjà , au quotidien, avant la mobilisation, et dont elle avait eu besoin pour advenir ? Le quotidien fait voir à  quel point, loin de s’y résigner, ils font de leur condition un défi à  relever. Et de la lutte ouverte au combat quotidien, l’objet s’ouvre : les résistances, leurs objets, leurs formes et leurs visées. Le regard se porte sur ces multiples façons dont ils ont, au jour le jour, de lutter contre la puissance des déterminations matérielles et contre celle des stigmates qui, toutes deux, menacent de les amoindrir dans leur humanité. Au marché, en particulier, l’économie de la biffe devient le lieu d’un combat pour la vie, matérielle et symbolique, à  la fois pour tenir et pour devenir, un combat, comme ils disent, pour ” s’en sortir “, qui appelle à  changer la vie. La récupération qui laisse place au hasard que le marché du travail leur a toujours refusé, le pied d’égalité de l’échange marchand qui les arrache aux assistances, publiques et privées, la place du marché, lieu d’interconnaissance, qui les laissent apparaître dans leur singularité, et le marché lieu du rire et de la parodie qui renverse, un instant, l’ordre inégal existant, autant de manières, parmi d’autres, dont ils ont de poursuivre les horizons d’égalité qui guident leur action. Des horizons jamais atteints- c’est le propre de l’horizon- mais toujours poursuivis, sur la route desquels des effets sont produits, et qui, parfois touchés du doigt, laissent entrevoir les espoirs, immenses, qui les animent et qui, de loin, dépassent leur expression publique. Parce qu’on ne dit pas tout à  la face du pouvoir et que c’est bien souvent quand ils sont inaudibles que les petites gens disent le plus important.

Composition du Jury :

 Mme Laurence FONTAINE, Directrice de recherche au CNRS (CMH)

 Mme Claudia GIROLA, Maître de conférences à  l’Université Paris 7 (LCSP)

 M. Jean-François LAE, Professeur à  l’Université Paris 8 (CRESPPA), Rapporteur

 M. Denis MERKLEN, Professeur à  l’Université Paris 3 (IEHAL CREDA)

 M. Mahamet TIMERA, Professeur à  l’Université Paris 7 (URMIS), Directeur de thèse

 Mme Florence WEBER, Professeure à  l’Ecole Normale Supérieure (CMH), Rapporteure