E-manifestez votre soutien au combat de Fariba : un an de détention déjà…

Un message du comité de soutien

Fariba Adelkhah et Roland Marchal, tous deux chercheurs au CERI-SciencesPo/CNRS, ont été arrêtés en Iran le 5 juin 2019. Le 20 mars, Roland Marchal a fait l’objet d’un échange avec un ingénieur des Gardiens de la Révolution arrêté en France sur un mandat d’arrêt international émis par les États-Unis. Fariba Adelkhah, elle, est toujours en prison.

            Elle est une prisonnière scientifique, tout comme l’était Roland Marchal. Ni l’un ni l’autre, entièrement dévoués à leur vocation professionnelle, n’ont eu la moindre activité politique en Iran, ou à propos de l’Iran. Ils ont été arrêtés sur la base de leur activité, et notamment de leurs publications de chercheur, et en tant que chercheurs. Des prisonniers scientifiques, mais arrêtés, négociés, condamnés pour des raisons politiques propres à l’Iran : dans le cadre de règlements de compte internes aux Gardiens de la Révolution qui en ont pris la décision discrétionnaire ; pour peser sur le gouvernement du président Rohani et contribuer à détruire l’accord nucléaire de 2015, de pair avec l’administration Trump, selon la logique des inimitiés complémentaires ; pour préempter la succession prochaine du Guide de la Révolution ; pour gêner la médiation du président Macron entre les Etats-Unis et l’Iran ; pour obtenir la libération de ressortissants iraniens détenus en Europe ou aux Etats-Unis ; ou par bêtise, tout simplement, par ignorance pure de ce qu’est l’activité de chercheur en sciences sociales.  Pour tout cela peut-être, car aucune de ces raisons n’est exclusive des autres.

            Affaiblie par une grève de la faim de 49 jours, refusant de troquer sa libération conditionnelle sous bracelet électronique contre la renonciation à l’exercice de son métier de chercheur, entendant recouvrer son droit à récupérer ses notes de terrain et son ordinateur et à aller et venir entre ses deux pays, l’Iran et la France, dont elle est également citoyenne, Fariba Adelkhah a été condamnée le 16 mai à six ans de prison. Six ans de prison pour trente ans de recherche.

            Nous exigeons sa libération immédiate et inconditionnelle. Par solidarité avec une collègue injustement accusée, détenue et condamnée. Mais aussi parce que le combat de Fariba Adelkhah pour le respect de la liberté scientifique est le nôtre. Non pas pour des raisons corporatistes, pour essayer de protéger notre métier. Mais parce que la liberté scientifique est une condition nécessaire du caractère démocratique de nos sociétés, au même titre que la liberté de la presse, d’association, d’entreprendre, de défendre et que toutes les autres libertés publiques. La science est un contre-pouvoir dont nous voyons aujourd’hui toute l’importance pour définir une politique étrangère soumise au libre examen des citoyens, pour lutter contre les fake news, pour garantir l’indépendance de la recherche fondamentale vis-à-vis des intérêts industriels, des ingérences gouvernementales et administratives, ou de la politique d’influence de pays riches qui s’offrent des pans entiers de notre système universitaire afin de le soumettre à leurs objectifs, à l’instar des pétromonarchies ou de la Chine.

            Le combat de Fariba Adelkhah est le nôtre, celui de chacun et de chacune d’entre nous, universitaire ou simple citoyen.

Pour le soutenir, cliquez sur la vidéo ci-dessous offerte par le plasticien Stéphane Tretz et faites circuler le lien :

Vidéo du plasticien Stéphane Tretz, qui travaille aussi sur le féminicide, le harcèlement des femmes, la préservation de la planète, etc. Un grand merci à cet artiste de servir la cause de Fariba et d’avoir fait don de ce travail au comité de soutien !

Rejoignez nos e-manifestants en cliquant sur ce lien, en le diffusant sur les réseaux sociaux, en créant votre propre message de soutien sur votre page facebook !