Communiqué du 30 juin 2020 : confirmation en appel de la peine de Fariba à cinq ans de prison

#FreeFariba

Communiqué du comité de soutien à Fariba Adelkhah, 30/06/2020 : https://faribaroland.hypotheses.org/8782

Nous ne pouvons qu’exprimer notre indignation la plus forte à la suite de la confirmation en appel de la condamnation de Fariba Adelkhah à cinq ans de prison.

Cette décision inique ne nous surprend cependant en rien puisque la justice dite révolutionnaire de la République islamique d’Iran a démontré depuis le début de cette affaire qu’elle est complètement inféodée à l’agenda opaque des Gardiens de la Révolution, ce « pouvoir à l’envers » que dénonce notre collègue depuis le fond de sa geôle. A nouveau, le jugement reprend à l’identique le réquisitoire sans tenir aucun compte de la plaidoirie, comme si cette dernière n’avait pas existé. Il s’agit du procès strictement politique d’une prisonnière scientifique dont le « dossier » judiciaire ne comprend que ses travaux de recherche, puisque Fariba Adelkhah n’a jamais eu d’activité politique en Iran ou à propos de l’Iran.

Face à cette parodie de justice, nous continuons à demander la libération inconditionnelle et immédiate de notre collègue, et ce d’autant plus fermement que la reprise de l’épidémie de Covid-19 en Iran met en danger sa santé, et même sa vie, compte tenu de son affaiblissement à la suite de la grève de la faim de 49 jours qu’elle a suivie de décembre 2019 à février 2020.

Nous appelons le président de la République et le ministère des Affaires étrangères à continuer à tout mettre en oeuvre pour obtenir la libération de Fariba.

En tant que scientifiques, nous sommes abasourdis par l’indifférence dont fait preuve Mme Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, depuis l’arrestation de Fariba Adelkhah le 5 juin 2019. Quand elle a été interrogée par la presse ou des parlementaires, elle s’est jusqu’à présent bornée à quelques déclarations mécaniques renvoyant au ministère des Affaires étrangères. Son silence est choquant et méprisant à l’encontre de notre profession de chercheur et d’enseignant. Il est d’autant plus stupéfiant que la République islamique d’Iran, en incarcérant de manière arbitraire un nombre croissant de chercheurs et d’universitaires étrangers, lance un défi manifeste à la communauté scientifique internationale. Il serait du devoir de Mme Frédérique Vidal de contribuer à l’élaboration d’une réflexion collective sur la réponse à apporter aux régimes qui attentent de manière aussi systématique aux libertés scientifiques fondamentales et aux principes mêmes de la coopération scientifique internationale.

Nous sommes également étonnés du silence des pays européens, dont certains voient ou ont vu quelques-uns de leurs ressortissants également emprisonnés, et de l’absence de toute coopération en Europe sur ce sujet.

Depuis le début de cette affaire nous demandons la suspension de la coopération scientifique internationale avec l’Iran tant que nos collègues universitaires seront détenus de manière inique, et en quelque sorte pris en otages par les Gardiens de la Révolution, et nous réclamons qu’une initiative soit prise à l’échelle de l’Europe.  

Nous mettons aujourd’hui en demeure Mme Vidal de prendre position et de définir une stratégie répondant aux intérêts et à la sécurité de notre profession dont nous lui rappelons qu’elle en a la responsabilité politique et administrative.