L’interculturel en éducation entre logiques individuelles et systémiques : une contribution sociologique

Alessandro Bergamaschi soutient son Habilitation à diriger des recherches (spécialité sociologie) à l’Université Côte d’Azur, Nice, Campus Saint d’Angely 1, Salle 211.

Composition du jury :

Mme Maitena Armagnague, Professeure des Universités, Université de Genève

M. Thierry Berthet, Directeur De Recherche CNRS, Université d’Aix-Marseille

Mme Catherine Blaya, Professeure des Universités, Université Côte d’Azur, Nice

M. Georges Felouzis, Professeur des Universités, Université de Genève

M. Benjamin Moignard, Professeur des Universités, CY Cergy Paris Université

M. Ricard Zapata-Barrero, Professeur des Universités, Université Pompeu Fabra, Barcelone

Résumé

Depuis la réalisation de la thèse de doctorat, le fil conducteur de mes recherches a été de tenter de comprendre les dynamiques des manifestations d’hostilités envers la diversité chez les adolescents et le rôle que l’éducation scolaire peut jouer dans leur expression, notamment en tant que contexte de remédiation. Au fur et à mesure que mes projets de recherche avançaient, trois questionnements principaux se sont profilés : a) quelles sont les raisons des préjugés que des adolescents manifestent envers le phénomène de l’immigration internationale ? b) compte tenu du milieu où j’ai étudié ces préjugés (l’espace scolaire), quelles sont les relations de ces préjugés sur les interactions intergroupes des jeunes ? c) comment l’éducation formelle peut-elle influencer les dynamiques d’altérisation culturelle chez les élèves ?

Le paradigme interculturel [Zapata-Barrero, 2015], et l’approche éducative qui en découle (éducation interculturelle) [Abdallah-Pretceille, 2018 ; Pica-Smith, Contini, Veloria, 2016], ont été choisis en tant que cadre théorique permettant de fédérer lesdits questionnements. Né en opposition au paradigme multiculturel [Taylor, 1992] et avec lequel il conserve encore des liens importants, l’interculturel est centré sur quelques éléments clés que je suis arrivé à retrouver dans mes travaux de recherche. Le premier est représenté par la déconstruction des préjugés. Cela correspond essentiellement à mon travail de thèse où je suis arrivé à expliquer les deux formes de préjugés qui caractérisaient le groupe d’adolescents français et le groupe d’adolescents italiens qui avaient participé à l’étude. Le deuxième concerne le rôle clé des interactions afin de parvenir à une solidarité sociale basée sur le principe de diversité. Les recherches menées après la thèse de doctorat m’ont amené à me questionner, d’une part, sur les effets destructeurs de l’ethnicisation des relations entre adolescents, ainsi que sur les conséquences sur le plan scolaire. D’autre part, je me suis également penché sur les effets positifs que des relations de nature plus coopérative peuvent avoir au niveau des représentations de la diversité. Le troisième élément mise sur le rôle de l’éducation formelle dans la construction d’une nouvelle solidarité sociale. Mes derniers travaux de recherche ont montré que l’éducation scolaire peut, non seulement améliorer les représentations de la diversité, mais elle peut également améliorer les interactions entre adolescents.

L’interculturel représente d’après moi une bordure théorique pertinente par rapport à mes travaux de recherche. Bien qu’à présent la sociologie ne se soit pas encore approprié pleinement ces outils de réflexion, ma préoccupation a été de montrer comment ils peuvent s’inscrire dans la pensée des pères fondateurs de cette discipline (Emile Durkheim et Max Weber). Ensuite, conscient de la force de la tradition systémique qui caractérise la sociologie de l’immigration et de l’éducation francophones, et du fait que l’interculturel prête davantage attention à la dimension individuelle, je me suis soucié de montrer l’utilité de combiner les logiques du système avec les logiques de l’acteur.

Ce mémoire vise donc à apporter une modeste contribution à la réflexion de la sociologie qui s’intéresse au statut de la diversité et au rôle de l’éducation dans une société de plus en plus multiculturelle. De même, il vise à montrer que l’éducation formelle, par le biais de la sociologie, peut apporter une contribution pratique à la construction d’un nouvel idéal du « Nous » basé sur l’idée de diversité.    

Mots clés : diversité, éducation, interculturel, jeunes, enseignants.