Rosenfeld Lola

Lola Rosenfeld est doctorante à  l’Urmis Paris sous la direction de Françoise Lestage.

Contact : lolhenhao@hotmail.fr

Thèmes de recherche :

 Socio-anthropologie des migrations

 Construction identitaire et perceptions de l’ethnicité

 Sociologie de l’action collective et de l’engagement politique

Titre provisoire de la thèse :

Migrants originaires de l’archipel des Comores en àŽle-de-France, questions identitaires et politiques dans le contexte de la départementalisation de Mayotte.

Résumé :

Mon travail de recherche de thèse se situe dans la continuité de celui effectué pour mon mémoire de Master, qui portait sur le rôle des élites d’origine comorienne dans la construction de discours nationaux et régionaux, et analysait la formation d’un sentiment identitaire à  plusieurs échelles chez ces migrants.

Cette réflexion prend place dans le contexte de la récente départementalisation de Mayotte, acceptée par les Mahorais lors du référendum du 29 mars 2009, et qui fait d’eux des Français à  part entière du point de vue juridique et politique. Les Comoriens des trois îles indépendantes résidant en France sont aussi, pour nombre d’entre eux, de nationalité française, mais beaucoup disposent aussi de la nationalité comorienne. Dans la migration, ces personnes originaires de l’archipel conservent entre elles des liens particuliers : toutes se retrouvent dans des manifestations culturelles et politiques qui contribuent à  construire une identité sociale et politique complexe localement (francilienne et française) et outre-mer (mahoraise et comorienne).

Je tente aujourd’hui d’analyser les relations entre le politique et l’identitaire chez les personnes originaires de l’archipel résidant en Ile-de-France à  travers l’étude de leur implication dans des activités à  visée politique. Mon travail porte une attention particulière aux actions collectives entreprises par ces personnes, notamment autour de la question du statut français de Mayotte, souhaité par les Mahorais et contesté par les autres Comoriens. Il s’attache cependant à  saisir les formes de l’engagement politique dans leur ensemble à  travers une définition large du politique qui comprend l’implication au sein des institutions, l’action protestataire et les activités culturelles, qui participent à  rendre visible un groupe défini ethniquement et donc à  lui assurer une place sur la scène publique.

L’hypothèse qui guide ma recherche est que l’implication politique de ces personnes, qu’elle se fasse ou non par les canaux institutionnels, ne peux être comprise sans que soit prise en considération la question de l’ethnicité, cela en dépit de la prégnance en France d’une idéologie républicaine supposément aveugle aux appartenances particulières. Qu’il s’agisse pour ces originaires des Comores de se présenter comme candidat à  des élections municipales, de protester contre une situation par une manifestation de rue, de faire entendre son opinion par la participation à  un forum sur internet ou de rendre visible leur ” communauté “ à  l’échelle locale par des activités associatives, l’identité ethnique fait sens, agissant à  la fois comme ressource et comme contrainte dans l’action à  visée politique, quand elle n’est pas tout simplement sa raison d’être.

Mais les acteurs ne sont pas seulement définis par une identité ethnique. Ce sont aussi des citoyens, qui s’inscrivent dans un système politique institué sur des bases non ethniques. Il s’agit donc en même temps de comprendre comment identité nationale et identité ethnique interagissent chez ces personnes, et comment ces dernières concilient ces deux dimensions pour donner sens à  leurs actions dans le domaine politique. Le fait que les Comoriens de la partie indépendante de l’archipel bénéficient souvent, à  l’inverse des Mahorais, d’une double nationalité, ajoute une dimension de plus à  leur identité. Il s’agira donc de comprendre comment le système politique républicain s’accommode de la multiplicité des identités de ceux qui y participent, et s’il est d’une façon ou d’une autre affecté par cette incursion de l’ethnicité dans le politique.