Soutenance d’Aurore Mottet

Aurore Mottet a soutenu sa thèse intitulée « Pas tout à fait réfugié ». Réflexions sur la figure du réfugié subsaharien au Maroc le lundi 18 mars 2019 sur le campus Saint Jean d’Angély à Nice.

Résumé de la thèse :

La thèse s’intéresse à la construction et l’évolution de sous-classes de réfugiés au sein du système international de protection mis en place par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (ci-après HCR) depuis les années 1950. La problématique centrale est la suivante : de quelle manière, en quels termes et par quels procédés sont instituées des sous-classes « informelles » de réfugiés à l’intérieur de cette catégorie juridique et administrative ? Elle traite donc de la problématique – classique en sociologie des migrations – du tri et de la constitution de profils de réfugiés plus ou moins désirables. Par un premier travail d’analyse des archives de l’organisation internationale, elle montre comment le système de protection a toujours fonctionné en opérant un tri parmi les réfugiés statutaires. L’analyse porte plus particulièrement sur la manière dont les « réfugiés africains » ont, dès leur arrivée dans le système international durant les années 1960 à la suite de l’adoption du Protocole de New-York, été pensés, considérés et traités comme des réfugiés particuliers et soumis à des traitements spécifiques de contrôle et de surveillance. Ce premier travail socio-historique fait remonter l’analyse aux années 1950. Par un second travail qualitatif mené au Maroc entre 2014 et 2015, la thèse s’intéresse au prolongement et à l’actualisation de ces enjeux en analysant le cas des « réfugiés subsahariens ». Réfugiés statutaires, ils constituent pourtant l’incarnation du « faux réfugié » sur lequel pèse un soupçon permanent. La thèse s’intéresse alors à l’expérience des individus pris dans cette sous-classe et à leurs tactiques pour tenter d’être reconnus et traités « comme des réfugiés à part entière ». Un dernier terrain d’enquête remonte la chaîne de la réinstallation jusqu’au Canada pour comprendre et analyser, de manière complémentaire, l’expérience inverse des réfugiés considérés comme les plus légitimes et authentiques : les victimes-vulnérables.

Jury :

  • Michel Agier, Directeur de recherche, IRD, EHESS.
  • Dzovinar Kévonian (rapporteure), Maîtresse de conférences, Université Paris Nanterre.
  • Smaïn Laacher, Professeur des Universités, Université de Strasbourg.
  • Swanie Potot (directrice de thèse), Chargée de recherche, CNRS, Université Côte d’Azur.
  • Jocelyne Streiff-Fénart (directrice de thèse), Directrice de recherche, CNRS, Université Côte d’Azur.
  • Jérôme Valluy (rapporteur), Maître de conférences (HDR), Université Paris I.