Soutenance de Simone Di Cecco

Le mardi 16 mars 2021, à l’Université de Paris, Simone Di Cecco a soutenu sa thèse de sociologie intitulée « Le « sale boulot » de l’intégration. Travail et racisme dans les programmes de bénévolat pour personnes demandeuses d’asile en Italie » et réalisée sous la direction de Dominique Vidal et Camille Schmoll.

Composition du jury : Adelina Miranda (rapportrice), Sébastien Chauvin (rapporteur), Sabrina Marchetti, Alain Morice, Andrea Rea, Maud Simonet.

Tract d’un programme de bénévolat au cœur de la thèse

Résumé : Les dispositifs d’exclusion et d’expulsion des personnes étrangères « indésirables » composent le volet le plus visible et médiatisé des politiques migratoires européennes. Pourtant elles n’en sont pas leur unique composante. Sont également élaborées par les pouvoirs publics des stratégies afin de promouvoir l’intégration des migrant.e.s dans la société d’installation. L’intégration ainsi planifiée apparaît bien souvent comme une forme d’inclusion subordonnée, infériorisante et sous conditions. Soumise à des critères de mérite, d’utilité et de performance, elle révèle la place subalterne assignée à certains groupes d’immigré.e.s, tout en contribuant activement au « maintien dans la différence » de ceux-ci. Cette thèse a pour objet d’étude une politique d’intégration spécifique : les programmes de bénévolat pour demandeurs et demandeuses d’asile qui se sont diffusés en Italie depuis 2014. Les activités bénévoles prescrites concernent principalement des tâches de nettoyage des rues et d’entretien des espaces verts. Elles sont conçues comme un instrument pour lutter contre l’« inactivité » des étrangers et étrangères accueilli.e.s dans les centres d’hébergement, et pour améliorer leur image stigmatisée auprès de la population italienne majoritaire. Au croisement de plusieurs champs (sociologie du travail, sociologie des migrations et du racisme) et en s’appuyant sur une enquête ethnographique réalisée dans plusieurs villes de la péninsule, cette thèse explore les liens entre l’engagement bénévole des demandeurs et demandeuses d’asile, leur condition précaire et minoritaire, fabriquée par les politiques migratoires et par les rapports sociaux racistes. Elle s’intéresse également à la mise en œuvre concrète des programmes de bénévolat, en se penchant sur les dynamiques de division et de visibilisation du travail, mais aussi sur les interactions entre les différent.e.s acteurs et actrices impliqué.e.s. Elle analyse enfin les relations subjectives que les migrant.e.s entretiennent avec les activités gratuites ainsi que les usages pluriels et les résistances qu’ils et elles développent pour faire face à l’injonction au bénévolat.

Mots clés : travail bénévole, racisme, intégration, asile, espace public, propreté urbaine, interactions, tactiques, Italie