Soutenance de thèse de Laura Schuft

Le 12 novembre 2010, au Pôle universitaire Saint Jean d’Angély, université de Nice Sophia-Antipolis, Laura SCHUFT a soutenu sa thèse de doctorat de sociologie sur le sujet : Couples ‘métropolitain’- ‘polynésien’ à  Tahiti. Enjeux de l’ethnicité, du genre et du statut socioéconomique dans un contexte postcolonial

Sous la direction de Jocelyne STREIF-FENART, Directrice de recherche CNRS, à  l’Université de Nice-Sophia Antipolis

Le jury lui a décerné la mention très honorable, avec félicitations.

Jury :

 BONNIOL Jean-Luc, Professeur à  l’Université Paul-Cézanne Aix-Marseille III

 DAYAN-HERZBRUN Sonia, Professeure émérite à  l’Université de Paris Diderot- Paris VII

 GUENIF-SOUILAMAS Nacira, Maitre de conférences HDR à  l’Université Paris XIII

 SAURA Bruno, Professeur à  l’Université de la Polynésie Française

 STREIFF-FENART Jocelyne, Directrice de recherche CNRS à  l’Univ. de Nice-Sophia Antipolis


Résumé :

Visant à  éclairer l’articulation entre rapports interethniques, de genre et de statut socioéconomique dans une société postcoloniale, cette recherche s’intéresse aux couples interethniques ‘métropolitains’ – ‘polynésiens’ à  Tahiti, Polynésie française. En dépit d’un métissage supposé idéal, dont les unions interethniques sont emblématiques, leurs discours montrent que l’usage de catégorisations participe à  (re)produire des différences ethniques au sein des familles. Les catégorisations se font hiérarchiquement, s’appuyant sur des oppositions constituées en termes d’‘évolution’ ou de ‘modernité’, sous-entendant le statut socioéconomique. Le genre traverse ces hiérarchisations. La double représentation de la femme ‘polynésienne’ comme vecteur de ‘modernité’ et douce (mythe de la vahine) ou comme dominante (mythe du matriarcat), selon l’appartenance ethnique du conjoint, participe à  maintenir une hiérarchie raciste. Si l’éloge du couple interethnique dans lesquels l’homme est ‘blanc’ se base sur le statut ethnique de ce dernier, construit en ‘émancipateur’ de la vahine, les couples dans lesquels le ‘statut ethnique’ dominant est du côté de la femme, plus rares à  se former, sont dévalorisés. Les couples interethniques se trouvent aux carrefours de ces rapports de pouvoir qui forment des systèmes imbriqués de ‘racisme genré’ et de domination masculine normative au sein du couple. La mise en rapport de leurs témoignages et représentations, et des statistiques sur les caractéristiques des couples interethniques, dévoile des mécanismes de coproduction des rapports sociaux de pouvoir qui se déclinent dans la vie sociale de tous les jours, et ce jusqu’aux sphères familiales et intimes.